vendredi 20 juillet 2007

article agence de presse

THIERRY BOINET
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ABONDANCE, Haute-Savoie (AP) -- C'est sans doute la première station alpine victime du réchauffement climatique. La station de ski d'Abondance (Haute-Savoie) vient en effet de décider d'arrêter ses remontées mécaniques, frappées par un déficit endémique en raison du manque de neige.

Alors que les alertes scientifiques se multiplient depuis les années 90, cette douloureuse décision prise en juin par le conseil municipal frappe au coeur la petite commune située à 930 mètres d'altitude, dans le massif du Chablais, qui pratique depuis plus de 40 ans la monoindustrie des sports d'hiver.

Abondance située entre le Mont-Blanc (4.810m) et le lac Léman n'est pas le seul domaine skiable à connaître d'importantes difficultés. Le tribunal de commerce de Lyon a placé mardi le groupe Transmontagne -dont l'essentiel des stations sont situées à moyenne altitude- en redressement judiciaire pour une période de six mois.

La société basée à Villeurbanne (Rhône) emploie près de 270 salariés permanents et plus d'un millier de saisonniers. Elle est notamment présente sur les domaines de Chamrousse (Isère), Super-Dévoluy (Hautes-Alpes), La Tania, Valfréjus (Savoie) et Praloup (Alpes-de-Haute-Provence), ainsi qu'en Suisse, en Italie et en Slovénie.

Transmontagne, qui avait décroché en 2003 le contrat d'exploitation du Ski Dome de Dubaï, a affiché des pertes de 8,2 millions d'euros sur l'exercice 2006-2007 pour un chiffre d'affaires de 63,5 millions. Selon la CGT, le déficit cumulé serait d'environ 13 millions d'euros.

"Les remontées mécaniques, c'est comme une cigarette: tout part en fumée", se désole Serge Cettour-Meunier, le maire d'Abondance, dans un entretien à l'Associated Press. La commune de 1.374 habitants, dont le budget annuel est de 2,2 millions d'euros, a enregistré un déficit de 640.000 euros dans ses remontées mécaniques en 2006.

"La commune ne peut plus payer", avoue avec déchirement le maire qui se refuse d'augmenter encore les impôts locaux. Il constate une baisse régulière de la fréquentation de sa station dont le domaine skiable ne dépasse pas les 1.700m d'altitude. "Le ski redevient un sport de riches; il faut avoir les moyens pour aller à Val d'Isère (Savoie)", estime M. Cettour-Meunier qui s'est vu refuser toute aide du conseil général de Haute-Savoie afin de poursuivre l'exploitation du domaine de l'Essert, jugé désormais non rentable.

L'annonce de l'arrêt de la télécabine et des téléskis est tombée comme un couperet dans le village où, depuis 1964, toute l'activité économique repose sur ce que l'on appelait alors "l'or blanc".

Refusant de baisser les bras, une partie des habitants se sont donc regroupés dans un collectif. Conscient que l'avenir de la commune n'est plus dans le ski, le président du collectif, Paul Girard, souhaite reprendre l'exploitation du domaine skiable et demande une subvention de 200.000 euros pour ouvrir dès l'hiver 2007-2008. "L'objectif est de maintenir au moins encore pendant cinq ans l'activité ski afin de préparer l'avenir et nous permettre de prendre un virage", explique-t-il à l'AP.

La fermeture du domaine skiable d'Abondance ébranle le monde des sports d'hiver qui irrigue l'économie de pratiquement toutes les vallées alpines. La station voisine de La-Chapelle-d'Abondance envisage même de changer de nom pour éviter tout amalgame. Les propriétaires de terrains dans la vallée craignent un effondrement général de l'immobilier de montagne.

"Le problème d'Abondance est structurel plus que conjoncturel", assure Jean-Charles Simiand, président du Syndicat national des téléphériques et des remontées mécaniques. Il reconnaît cependant que, "progressivement, les stations de moyenne montagne doivent s'adapter". "Il y a une diversification possible mais personne n'a encore trouvé d'activité de substitution au ski", avoue-t-il

Chez les investisseurs et les financiers, le discours se veut rassurant à l'égard de la moyenne montagne. "On a toujours su qu'il y avait une part de variation du chiffre d'affaire lié à la nature du produit", observe Mireille Faidutti de la Caisse des Dépôts. "Nous restons sereins, il ne faut pas amplifier le phénomène", dit pour sa part Georges Gay-Lancernin du Crédit Agricole de Haute Savoie, l'une des principales banques de l'économie de montagne en France.

Néanmoins, les petites stations-villages avouent rencontrer de plus en plus de difficulté pour trouver investisseurs et financements. Saint-Pierre-de-Chartreuse (Isère), située à 900m d'altitude, a dû faire appel à une souscription publique pour moderniser l'une de ses remontées. L'installation prête pour l'hiver 2006-2007 n'a démarré, faute de neige, que pour la saison d'été 2007.

"La tranche d'altitude 900/1.500m est celle où le réchauffement climatique va poser le plus de problème", avertit Gérald Giraud, ingénieur au Centre d'étude de la neige (CEN) de Météo-France à Grenoble, confirmant des rapports alarmants comme celui du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) en 2003 ou celui de l'OCDE en février dernier.

"Même s'il y a des variabilités inter-annuelles très fortes, la tendance globale dans cette tranche est une baisse spectaculaire de l'enneigement de l'ordre de 64 centimètres, en moyenne, entre 1960 et 2007", précise le climatologue. Le CEN enregistre également une hausse de la température moyenne de 1,5 à 3 degrés suivant les massifs depuis le début des années 80. AP

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GRENOBLE (AP) -- Un rapport de l'OCDE (Organisation de coopération et de dévelopement économiques) de février 2007 sur les conséquences du réchauffement climatique de la planète pour les stations de l'arc alpin indiquait que "10% des domaines skiables alpins de moyenne ou grande taille opèrent dans des conditions d'enneigement précaire".

"Une hausse de la température de 1ºC, de 2ºC ou de 4ºC à l'avenir pourrait ramener le nombre de domaines skiables jouissant d'un enneigement fiable à 500, 400 ou 200, respectivement", indiquent les rapporteurs.

Selon l'OCDE, parmi les pays étudiés, c'est l'Allemagne qui est le pays le plus vulnérable, puisque qu'un réchauffement de 1ºC y entraînerait une baisse de 60% du nombre de domaines skiables bénéficiant d'enneigement naturel fiable. L'Autriche (où la moitié des revenus du secteur touristique -soit 4,5% de l'économie nationale- provient du tourisme d'hiver) est légèrement plus sensible que la moyenne.

La France est proche de cette moyenne et l'Italie légèrement au-dessus. C'est la Suisse qui souffrirait le moins de ces changements, mais même dans son cas, un réchauffement de 1ºC ferait diminuer l'enneigement naturel de 10% et un réchauffement de 4ºC diviserait par deux le nombre de pistes bénéficiant d'un enneigement fiable.

En décembre 2003 déjà, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) avait publié un rapport s'inquiétant des conséquences du réchauffement climatique sur les stations de ski à basse altitude, en Europe mais aussi en Amérique du Nord et en Australie. En juin dernier, des scientifiques se sont également inquiétés de la fonte des glaciers dans les Andes. AP

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ABONDANCE, France - Muddy slopes, slushy peaks, unused lifts — this town in the French Alps is living out the nightmare of many a ski resort in a century scientists say is doomed to keep getting warmer.

The city council of Abondance — its name a cruel reminder of the generous snowfall it once enjoyed — voted last month 9-6 to shut down the ski area that has been its economic raison d'etre for more than 40 years. The reason: not enough snow.

Abondance is the French Alps' first ski station to fall apparent victim to global warming. It will almost certainly not be the last.

At 3,051 feet, this station between Mont Blanc and Lake Leman falls in the altitude range climate scientists say has seen the most dramatic drop in snowfall in recent generations.

The Alps as a whole, which pull in about 70 million tourists every year primarily for winter sports, are "particularly sensitive" to climate change, according to a study last winter by the Organization for Economic Cooperation and Development.

It calls climate change a serious threat to Alpine ski resorts and the regional economies that depend on them. The most recent World Cup ski circuit was badly hit by lack of snow, with several races in the Alps — even at high altitudes — called off.

In Switzerland, melting permafrost has forced several companies to take technical measures to ensure their ski facilities don't fall off the mountain.

Bankruptcy concerns
Last week, a commercial court in Lyon put the Transmontagne company, which operates mid-altitude resorts in France, Switzerland, Italy and Slovenia, under bankruptcy protection for the next six months. Warming weather is seen as a key reason for its financial woes.

Abondance's troubles are alarming towns in the surrounding valleys. Homeowners fear a crash in housing prices. Neighboring La Chappelle-d'Abondance is considering changing its name to dissociate itself from the shutting station.

Abondance Mayor Serge Cettour-Meunier fears that the closure of his station is the start of a troubling trend. "Skiing is again becoming a sport for the rich," since only elite high-altitude resorts will have sufficient snowfall, he said.

The $3 million annual economy of his town and its 1,300 residents centers around winter sports. Last year, the lifts suffered a loss of $882,000.

"The town can no longer pay," he said.

Gerald Giraud of the Snow Study Center of Meteo-France at Grenoble said altitudes of 3,000-4,900 feet are where "global warming will pose the greatest problems."

Even taking into account irregular weather cycles, snowfall levels fell 25 inches on average between 1960 and 2007 across the French Alps, he said.

His center noted a rise in average temperature of 2.7 to 3.3 degrees Fahrenheit over the Alpine ranges since the early 1980s.

The OECD report said warming in the Alps in recent years has been roughly three times the global average.

Germany seen most at risk
For geographic and geological reasons, Germany is likely to suffer the most from climate change, while Switzerland is the least at risk, the report said. Austria and Italy are slightly more sensitive than average, while France has average risk, based on climate studies and projections.

The report studied only the Alps but noted that its implications extend "to other mountain systems which may face similar ... challenges, for example in North America, Australia and New Zealand."

Skiers who once frequented Abondance are likely to head to larger, higher stations elsewhere in the French Alps. But even some large, high stations in Switzerland have already resorted to artificial snow in recent years. For smaller stations like Abondance, snow-sprayers are not a viable option since they require a minimal snow cover, and the high temperatures melt any snow fast.

Longer term, the warming in the Alps could provide a boost to less-charted places like the mountains above Sochi, the Russian city on the Black Sea that is hosting the 2014 Winter Olympics.

Investors are not ready to write off Alpine ski resorts yet, noting how unpredictable weather-dependent investments are.

"We remain calm, one shouldn't overstate the phenomenon," said Georges Gay-Lancernin, of Credit Agricole de Haute Savoie, one of the chief banks financing France's mountain economy.

Nevertheless, small ski areas are having increasing difficulty finding investors.

Saint-Pierre-de-Chartreuse, at 2,952 feet, sought public funding to upgrade one of its lifts. The improved lift, ready for the 2006-2007 season, didn't budge all winter because there was not enough snow.

In Abondance, where snow fell only 20 days last year, town officials have been seeking private buyers for the ski area for several years. Transmontagne and Remy Loisirs expressed interest, but never followed through, the mayor said.

The regional council for the Haute Savoie region refused the mayor's request for aid, deeming the station no longer profitable.

The news of the closure has hit hard in this town that has revolved around the ski area since 1964. Sporting goods stores and restaurants specializing in local cheese dominate the town's main street.

"The mayor made a courageous, realistic and calm decision," said retired dairy farmer Andre Gagneux.

Restaurant owner Marie-Jane Teninge, 61, disagreed.

"I am skeptical about global warming. It's just a matter of cycles," she said, adding that she was ready to pay more taxes to keep the ski area open.

Towns across the Alps facing shrinking snowfall are trying to market their resorts for year-round tourism.

Alternative recreation touted
In Switzerland, stations at lower altitudes are trying to lure visitors for dry toboggan runs, "wellness" treks, or for taking lifts above the cloud line during the autumn to enjoy the sunshine.

The Valle d'Aosta region in northeast Italy has run an ad campaign showcasing its green pastures and wildlife. Turin provincial authorities have fitted bobsleds with wheels at the Olympic sliding course in Cesana so that tourists, driven by professionals, can take a ride even when there's no ice.

Jean-Charles Simiand, president of the French national union for ski lifts and cable cars, noted that the lifts are used today for hikers and mountain bikers in summer, but that the activity accounts for just 3 percent of overall lift revenues.

"The mid-altitude stations must adapt," he said. "Diversification of the economy is possible, but so far no one has found an activity that can substitute for skiing."

3 commentaires:

ESSERSPOIR a dit…

Il n'y a rien dans ce blog, quels sont vos projets , Expliquez Auffaz ?
Quand on a l'intention de dépenser autant d'argent, on se doit d'informer les habitants !

GICVMB a dit…

Avec un tel projet, comment votre conseillère va pouvoir baisser les impôts comme annoncé lors de la réunion publique??? C'est trois fois plus cher que les remontées mécaniques !!!
(même commentaire sur le blog d'Abondance demain)

maryline112 a dit…

Bonjour, nous vous invitons à visiter ce blog :
http://abondancedemaindroitdereponse.blogspot.com/
Bonne continuation !